Entre expertise et contre-expertise, avec des résultats différents,  un grand mystère entoure encore la mort d’Idrissa Goudiaby. Après la première autopsie qui concluait d’une mort par objet contondant ou arme blanche et une contre-expertise qui établit une mort par arme à feu, le procureur de Ziguinchor a annoncé hier  une troisième contre-expertise pour élucider les causes de la mort d’Idrissa Goudiaby.

« A l’heure actuelle, autant nous tenons compte de la thèse de la mort par balle, autant nous ne pouvons non plus éluder la mort par un autre type d’arme», a déclaré le procureur près du Tribunal de grande instance de Ziguinchor Pape Ismaël Diallo qui justifie ses propos par le seul souci de faire la lumière sur les cause de la mort d’Idrissa Goudiaby, après les contradictions nées des expertises faites sur le corps du défunt. « Cela se justifie par le fait que dans notre office de représentant du ministère public, notre vocation, notre sacerdoce est de consacrer toute notre énergie à la manifestation de  la vérité », précise le magistrat qui envisage la saisine d’un juge d’instruction pour l’ouverture d’une information judiciaire dès la clôture de l’enquête dans cette affaire qui continue avec ces rebondissements.

Après avoir largement décrit les résultats de la première autopsie qui montraient une mort par un objet contondant ou une arme blanche, le Procureur de Ziguinchor a détaillé les résultats du rapport de la contre-expertise réalisée le 18 juillet 2022 qui révèlent une mort violente par arme à feu de gros calibre utilisée à distance, c’est-à-dire ni à bout portant ni à bout touchant. Poursuivant sur les résultats du rapport de la contre-expertise, le maitre des poursuites déclarera, avec force détail «Une plaie longitudinale à bord continu à l’emporte-pièce restituable légèrement oblique en haut et en arrière de la région paratido- macétérique droite basse se prolongeant dans la région de la loge parotidienne de 80 mm de long, profonde communiquant avec la cavité buccale et se prolongeant en endo-buccale déterminant un trajet equinotique vieilli  le long de la joue droite et se terminant au niveau de la commissure labiale droite. Cette plaie se prolonge à sa moitié par une incision de 50mm verticale correspondant à l’incision effectuée par les chirurgiens, lors de l’admission.

La réalisation d’un masque facial montre un orifice d’entrée endo buccale et un orifice de sortie macetéro- parotidien droit avec des fracas de la mandibule droite et projection postérieure des fragments osseux. Toutes constations compatibles avec une plaie par arme à feu  à direction antéro postérieure à orifice d’entrée endo buccale droit et orifice de sortie macétéro- pharotidien hypsi- latéral… », a-t-il décrit.  Par ailleurs, « l’enquête déclenchée a permis l’audition de témoins oculaires au nombre de cinq, a laissé entendre le Procureur Près du tribunal de Grande Instance de Ziguinchor qui précise : « Quatre parmi les cinq témoins confirmant la thèse de la mort par balle réelle n’ont d’une part pas été en mesure de donner des indications sur l’identité du tireur et d’autre part ont tous confirmé que le défunt avait été touché au cou».

Le Procureur Diallo estimera par suite que l’enquête ouverte suit le plus normalement son cours et des actes d’investigations précis sont envisagés et seront posés très prochainement.  Il s’agit de l’audition du médecin-urgentiste et du personnel médical entre autres qui ont reçu feu Idrissa Goudiaby vivant, à son arrivée à l’hôpital», martèle le magistrat qui annonce également une expertise sur la mort d’Alexis Abdoulaye Diatta dont la dépouille est toujours à la morgue de l’hôpital.  Avec cette nouvelle expertise annoncée, la famille d’Idrissa Goudiaby va devoir prendre son mal en patience avant de disposer de la dépouille de son fils. Rappelons qu’Idrissa Goudiaby est mort lors des manifestations interdites de l’opposition le 17 juin dernier à Ziguinchor.