C’est un véritable film d’horreur. Pendant trois jours, l’étudiante Céline D. a été séquestrée, violée et martyrisée par trois individus dans une maison à Fann Hock. Ses bourreaux présumés risquent de finir leur vie en détention. 

Née en 2000, Céline D. est tombée sous la coupe de trois criminels le 9 décembre 2019. L’étudiante qui vivait avec sa sœur, était sortie acheter à dîner à 22h. C’est en cours de route vers la cité Claudel qu’un individu l’a tapotée et lui a mis un tissu humide sur le nez, avant qu’elle ne tombe dans les vapes. Elle s’est réveillée avec les yeux bandés, les mains et les pieds ligotés à la forêt de Mbao où des maçons l’ont secourue, avant de la transporter à l’hôpital de Pikine. Sa poitrine ainsi que ses membres inférieures présentaient des traces de lacération causées par des objets contondants. Au cours de son audition à la Section de Recherches, Céline a révélé avoir été torturée et violée pendant trois jours par trois individus dans une chambre. Elle a juste reçu une bouteille d’eau. Elle a ajouté qu’elle entendait des sirènes d’ambulance. Une étudiante témoin oculaire du rapt, a déclaré avoir aperçu un individu qui avait sur son épaule quelque chose qui ressemblait à un sac de riz. Ce, avant de jeter la victime dans une voiture de couleur blanche. Ainsi, elle avait pris le soin de relever la plaque d’immatriculation. De fil en aiguille, les pandores ont retrouvé le véhicule suspect, le chauffeur Adama Ndiaye, le mécanicien Lamine Diène et le vigile Diégane Diouf. Également, ils ont saisi des préservatifs usagers avec du sperme dans la chambre de la maison contigüe à la résidence des médecins de l’hôpital Fann où la victime a vécu l’horreur. Les investigations ont permis de savoir que c’est Diégane Diouf qui assurait la sécurité de la maison. Adama Ndiaye a laissé entendre qu’il était le maître des lieux et détenait la clef de la chambre.

« Je ne peux pas identifier mes violeurs. J’ai failli… »

Après près de trois ans de détention provisoire, les accusés ont été jugés hier, par la chambre criminelle de Dakar, pour séquestration et viol collectif. Âgé de 41 ans, marié et père de trois enfants, Lamine Diène a soutenu avoir prêté le véhicule à Adama Ndiaye afin qu’il dépose l’épouse de Diégane Diouf à Ouest Foire. Né en 1996 à Tivaoune, Adama Diouf a réfuté avoir enlevé la partie civile. Diégane Diouf, 34 ans, a abondé dans le sens, affirmant que les hommes en bleu n’ont pas trouvé des préservatifs dans la chambre.

Devant le juge d’instruction jusqu’à la barre, Céline D. a confessé qu’elle n’arrive pas à identifier ses trois violeurs parce qu’ils ont couché avec elle dans le noir en lui bandant les yeux. « Ils m’ont attachée sur un lit en ressort métallique. Quand j’ai repris mes esprits à la forêt de Mbao, j’ai contacté le fiancé de ma frangine », s’est rappelée la plaignante qui s’est fait violence pour raconter le drame. Le cœur meurtri, elle informe qu’elle a eu son bac à 17 ans. Elle était en deuxième année à L’Ism au moment des faits. « J’ai failli sombrer, mais grâce à Dieu je me suis relevée. J’ai poursuivi mes études à l’IAM et soutenu ma licence en communication », renseigne-t-elle.

« Ils ont drogué la victime avec des somnifères… »

De l’avis de Me Martin Diatta, il n’y a pas de faits plus graves, plus écœurants que les faits reprochés aux accusés qui se présentent comme de doux agneaux. « C’est à juste raison que le viol a été criminalisé. Ce qu’ils ont fait est criminel. Les gendarmes avaient raison de parler d’association de malfaiteurs. La maison servait de lieu de rencontre. Il y a suffisamment d’éléments de preuves pour entrer en voie de condamnation », a plaidé le conseil de la partie civile. A l’en croire, les mis en cause ont drogué sa cliente avec des somnifères. « Elle n’a même pas eu le temps d’émettre des cris parce qu’on lui a mis un tissu imbibé de liquide, avant qu’elle ne perde connaissance. Celui qui s’était chargé de la droguer l’avait portée comme un sac de patate. Heureusement que ses parents lui ont cherché un psychologue. Espérons que le travail de ce dernier la ramènera sur un chemin paisible », a souhaité l’avocat.

Invité à faire ses réquisitions, le maître des poursuites a relevé qu’il n’y a aucun élément à charge en ce qui concerne Lamine Diène. Par conséquent, il a sollicité son acquittement. Pour Diégane Diouf et Adama Ndiaye, le parquet a requis la réclusion criminelle à perpétuité. Les avocats de la défense ont plaidé l’innocence des accusés. L’affaire sera vidée le 4 octobre prochain.