Presque trois semaines après la sortie du gouvernement sous la houlette du Premier ministre Ousmane Sonko, qui avait porté de graves accusations sur la manipulation des chiffres servis au FMI, l’une des principales cibles en l’occurence le président sortant Macky Sall, a apporté sa réponse. Le chef de file de l’APR a fustigé les propos de Sonko déplorant les conséquences qui ont conduit à la dégradation de la note du Sénégal par Moody’s.
Finalement, la riposte est venue d’une source inattendue. Bien que tenu à un devoir de réserve depuis la fin de son mandat, Macky Sall a choisi de déroger à cette règle. Lors de sa dernière apparition en tant qu’Envoyé spécial et Président démissionnaire du comité de suivi du Pacte de Paris pour la planète et les peuples (4P), l’ancien chef de l’État et leader de l’Alliance pour la République (APR) est revenu brièvement sur les accusations d’Ousmane Sonko et leurs conséquences sur la note de crédit du pays.
Dans ses conclusions, Ousmane Sonko avait accusé l’ancien président et son équipe d’avoir manipulé les chiffres et promis d’ouvrir des enquêtes sur la corruption généralisée. « Le régime de Macky Sall a menti, manipulé les chiffres présentés aux Sénégalais et aux partenaires internationaux, en tête desquels le FMI, pour donner une image économique, financière et budgétaire qui ne correspondait pas à la réalité », avait déclaré le chef du gouvernement. L’audit, selon le ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération, aurait révélé une dette supérieure de dix points à celle annoncée, qui était de 65,9%. Le déficit budgétaire, quant à lui, aurait été en moyenne de 10,4% au lieu des 5,5% annoncés. Quelques jours après ces conclusions alarmantes, l’agence de notation Moody’s a dégradé la note du Sénégal et placé le pays sous surveillance.
En négociations avec le FMI le nouveau gouvernement a promis de prendre des mesures correctives pour alléger le fardeau de la dette sans recourir à une cure d’austérité. Macky Sall a qualifié ces inquiétudes de « poudre de perlimpinpin » et a avancé deux arguments pour sa défense : d’abord, les ministres incriminés n’auraient pas eu accès aux informations en question ; ensuite, aucune de ces accusations n’a été confirmée par la justice. « C’est une honte pour le Sénégal. J’espère que nous allons arrêter cette descente aux enfers et nous concentrer sur l’essentiel. J’ai laissé un pays avec des indicateurs au vert, comme l’a confirmé le FMI en mai, un mois et demi après mon départ. Il ne faut pas accuser des gens sans que les concernés soient informés des faits qui leur sont reprochés », a-t-il conclu, regrettant la dégradation de la note du Sénégal par Moody’s suite à l’intervention du Premier ministre.
Depuis qu’il a transmis le pouvoir à Bassirou Diomaye Faye, l’ancien chef de l’État vit à Marrakech, au Maroc, mais il s’investit chaque jour davantage dans la scène politique, notamment après la publication de cet audit. En octobre, il avait décidé de démissionner de son poste d’Envoyé spécial pour le 4P afin de se consacrer pleinement aux législatives du 17 novembre, où il a été investi tête de liste de la coalition d’opposition Takku-Wallou. Ce scrutin sera le premier baromètre d’un duel à distance avec Ousmane Sonko, figure de proue du parti au pouvoir.