Technicien, ancien international, observateur, journaliste… Tous n’ont qu’un seul nom en bouche : Amara Diouf. Le jeune attaquant sénégalais de 15 ans affole les pelouses par ses performances, si bien que nombreux sont ses admirateurs qui militent pour sa venue en équipe nationale. Une volonté qui est loin de faire l’unanimité.
L’Indonésie abrite du 10 novembre au 2 décembre 2023 la Coupe du Monde des moins de 17 ans. Récent vainqueur de la Coupe d’Afrique des Nations, le Sénégal est logé dans le Groupe D en compagnie de l’Argentine, de la Pologne et du Japon. Les Lionceaux ont réussi leur entrée en s’imposant contre les Sud-Américains (2-1) et la Pologne (4-1). Serigne Saliou Dia dispose d’une équipe talentueuse dans tous les compartiments du jeu, mais un nom sort du lot : Amara Diouf.
Le jeune attaquant de 15 ans continue d’enchaîner les bonnes performances en équipe nationale U17 après sa Coupe d’Afrique des Nations remarquable. Lors de la première sortie des Lionceaux dans cette Coupe du Monde, il a inscrit les deux premiers buts du Sénégal. Fort de ses performances constantes, il alimente les débats sur la possibilité de le voir dans la liste des joueurs sélectionnés pour la CAN en Côte d’Ivoire. Sur le plateau de Talents d’Afrique, l’ancien entraîneur du Sénégal, Claude Leroy, a plaidé pour la venue du jeune virtuose.
« Il a remporté la CAN, il flambe déjà dès son premier match pour une Coupe du Monde, la prochaine étape c’est effectivement l’équipe A des Lions du Sénégal même si ce n’est pas pour beaucoup jouer, mais pour apprendre », dit-il, estimant que l’expérience des grandes compétitions peut faire gagner aux jeunes en maturité.

D’un plateau à un autre, les avis divergent. Invité de l’émission Walf Sport, le double Ballon d’Or africain, El Hadji Diouf, n’est pas du même avis que le technicien français : « C’est quelqu’un qui est pétri de talent, mais notre rôle est de pouvoir le gérer, c’est-à-dire qu’il doit avoir un plan de carrière. On ne peut pas venir et le griller, car dans le haut niveau, il ne va pas jouer avec des moins de 15 ans. Ce n’est pas la même chose. Il doit être encadré. Demain, il peut être un grand joueur, mais n’oublions pas qu’on a vu des joueurs très talentueux qui, lorsqu’ils sont montés chez les A, ont eu toutes les difficultés du monde. C’est le cas du Ghanéen Lamptey. On ne doit pas se précipiter. Moi, El Hadji Diouf qui vous parle, j’ai été renvoyé en équipe nationale jeune, mais malgré tout, j’ai été le premier Ballon d’Or. Il a tout pour devenir meilleur que Sadio et meilleur qu’El Hadji Diouf ».
Le débat passionne même bien au-delà des professionnels du ballon rond, les journalistes aussi s’y mêlent. C’est le cas de Thierno Dramé, journaliste sportif à la RTS. Même s’il pense que le jeune attaquant ne pourrait pas prétendre à une place de titulaire en sélection A, il pourrait, selon lui, beaucoup apprendre. « Ce n’est pas comme si on demandait qu’il vienne pour être titulaire. Mais on a vu ce que cela a apporté à Ronaldo, ce que cela a apporté à Samuel Eto’o d’avoir très tôt intégré l’équipe nationale. Ça peut aider le garçon, on voit très bien que c’est un super talent. Il y a encore du chemin, mais je pense que cela fait partie de l’apprentissage d’intégrer l’équipe nationale et de commencer à tourner autour des professionnels pour voir comment ils gèrent leur carrière », lance-t-il.
Il ajoute : « Certains disent qu’il est trop jeune pour venir en équipe nationale et qu’il doit encore grandir. Mais je pense que grandir, c’est aussi passer par ces étapes-là. Maintenant la question est de savoir qui doit-on enlever pour lui faire une place ». 
Le moins que l’on puisse dire est que ce débat intervient à un moment où la question de la transition en équipe nationale se pose entre les joueurs sur la fin et les jeunes loups qui frappent à la porte.

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