Je me demande, quelquefois,  si quelque part dans le monde, les gens ne se gaussent pas du ridicule de certains de nos débats, polémiques, controverses. Entre Koukandé se prenant pour Moïse, ou le dragon de Guédiawaye,  Il y a vraiment matière à nous tourner en dérision, tant nous sommes passés maîtres dans l’art de monter en épingle, de nous entre déchirer, de nous passionner pour des choses qui ne devraient même être source de débats ou de confrontations.

L’affaire, ou  plutôt le feuilleton voire le sketch Ahmed Aidara nous a de nouveau plongé dans l’insignifiance de notre triste débat public. Voilà un homme qui a été élu maire de la quatrième plus grande ville du Sénégal. Un tel honneur vous oblige. Cette mission, un homme politique sensé l’aurait prise à bras le corps, ne serait-ce que par respect, égard et considération, pour ces milliers d’électeurs qui ont porté leur choix sur sa personne pour mener les destinées de leur municipalité.  Mais apparemment le bon sens est une vertu qui ne figure pas dans la palette du sieur Ahmed Aidara.  Car au-delà des questions d’éthique, de déontologie, d’impartialité, et tutti quanti, le principal problème que met en lumière cette affaire, c’est que le maire de Guédiawaye ne mesure pas l’importance de sa charge, ignore le sens du service public et semble méconnaître que le fonction de maire est un métier à plein temps.

Rappelons, quand même qu’en France, l’ex Premier ministre, Édouard Philippe a quitté le gouvernement qu’il dirigeait- on ne parle pas ici d’une revue de presse matinale- pour se consacrer entièrement à la mairie du Havre. Mais la Normandie est sans doute un lieu beaucoup trop exotique pour Ahmed Aidara. Servons-lui un exemple qui lui parlera plus. Son ancien collègue, Ndoye Bane, élu maire de Pire, a mis fin à ses prestations médiatiques juste après son installation. « Je suis venu vous annoncer que je ne fais plus partie de Xalass (Ndlr : son émission sur la TFM). Mon nouveau poste ne me permet plus de continuer cette émission », avait-il déclaré.

Youssou Ndour durant son bref intermède ministériel entre avril et septembre 2012 avait mis entre parenthèses sa carrière musicale. On peut multiplier les exemples ad nauseam…

Retenons juste qu’en définitive durant toute cette farce qui nous a tenu en haleine, Ahmed Aidara était à côté de la plaque. Il aurait dû, de sa propre initiative, mettre entre parenthèses sa carrière médiatique sans attendre les réprimandes du CNRA, du CORED, et du SYNPICS. Et avant que ses employeurs, visiblement embarrassés, ne l’acculent vers la sortie.  N’en déplaise à ses partisans, puisqu’au Sénégal on défend tout et n’importe quoi pourvu qu’on passe pour un “courageux” et un “rebelle” face à la “dictature” monstrueuse du Président de la République.

Cet homme, qui a réalisé l’un des exploits les plus  remarquables des dernières élections municipales en faisant tomber le frère du chef de l’Etat de son piédestal, a donné raison, en quelques semaines, à ses nombreux détracteurs qui estimaient qu’il n’avait pas l’étoffe pour diriger une mairie d’une telle envergure.

Mais, il a encore cinq ans pour se racheter et montrer que les populations de Guédiawaye ont élu un vrai maire.

Laisser un commentaire