La polémique née du dépôt des dossiers de candidature avec les échauffourées notées à la Direction générale des élections découlant d’une éventuelle forclusion de la liste de Yewwi Askan Wi du département de Dakar, révèle à bien des égards, les limites de la démocratie sénégalaise. C’est le point de vue du Professeur Enseignant-chercheur à l’UGB de Saint Louis, invité à l’émission Objection de ce dimanche 15 mai 2022.
« Cette situation montre les limites de la démocratie sénégalaise. Certes on a dit qu’il y avait plus de 300 partis et qu’il fallait procéder à une rationalisation de la compétition politique pour éviter une surcharge au niveau de la réception des différents messages venant des compétiteurs.
Mais en même temps, il faut dire que les partis et les mouvements qui sont sur le terrains, qui sont connus et visibles, qui exercent effectivement des activités politiques font à peu près une vingtaine ou une trentaine au meilleur. Donc, quelque part, ça pose un problème à cette volonté de vouloir rationnaliser à outrance, même si on est d’accord qu’on ne peut pas organiser une démocratie sans qu’il n’y ait des règles.
Mais encore une fois, il faut que ces règles soient judicieuses, précises et transparentes pour que chaque citoyen puisse exercer ce droit fondamental que lui reconnaît la charte principielle, c’est à dire la Constitution, c’est à dire de compétir et de pouvoir accéder à la gestion des affaires publiques par la truchement des élections », a déclaré Maurice Soudieck Dione sur les ondes de la radio privée Sud Fm.
Poursuivant, le doctorant en Sciences politiques a jugé problématique le parrainage pour les partis ou coalitions qui n’ont plus besoin de prouver leur représentativité électorale.
« La parrainage naturellement pose problème pour plusieurs raisons. D’abord, pour les partis qui ont des garanties de représentativité. Imaginons que la coalition Benno Bokk Yakaar n’ait pas pu réunir ses parrainages ou qu’il y ait eu quelques vices de procédures, ou quelques difficultés particulières qui eut été à l’origine de son élimination, s’aurait été catastrophique puisque cette coalition gère à la fois la majorité présidentielle et celle parlementaire. Donc, c’est une coalition qui n’a pas à démontrer des garanties de représentativité. C’est la même chose pour le PDS et ses alliés, de même pour des coalitions comme Yewwi Askan Wi qui ont fait une percée remarquable et remarquée lors des dernières joutes électorales au niveau local.
Donc, tout cela montre qu’il y a dans le principe des difficultés à admettre le parrainage, non pas sous l’angle de l’égalité, mais sous l’angle de l’équité. C’est pertinent peut être pour les partis ou les mouvements qui n’ont pas pu faire leur preuve. C’est cohérent par rapport à cela, de leur demander des gages de représentativité électorale et sociologique pour éviter que n’importe quel farfelu ne puisse utiliser les derniers de l’État, puis que ça coute de l’argent pour l’organisation des élections ».